Opinions – Réflexions
Ici, c’est l’endroit pour exposer nos opinions et réflexions au sujet de notre coopérative. Il suffit parfois d’une idée ou d’un nouveau projet génial pour améliorer notre vivre ensemble. Soyons créatifs!

Voici une première réflexion essentielle de notre amie Aline Chalifoux, (membre de 2017 à 2024). Aline a beaucoup accompli pour la coopérative et nous l’en remercions. Elle va nous manquer. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite.
LA COOPÉRATIVE DE SOLIDARITÉ DU BOIS ELLEN, UTOPIE OU DÉFI?
Par Aline Chalifoux
Arrivée à la Coop en 2017, moins de six mois après son ouverture, j’ai pu observer de près son évolution. Je n’ai pas participé à l’étape de la fondation, mais j’ai été à même de constater ce qui avait guidé les fondateurs. Qu’est devenu ce projet audacieux sur papier à sa huitième année d’existence? Sommes-nous sur la bonne voie de réaliser les espoirs des initiateurs? Je vous livre ici mes réflexions bien personnelles sur le projet à l’origine et sur les défis auxquels la CSBE fait face aujourd’hui.
Le projet à l’origine
Les initiateurs du projet d’implanter une coopérative d’habitation aux limites du centre-ville de Laval, vers le début des années 2010, étaient probablement des visionnaires et sûrement des optimistes. Leurs intentions étaient de :
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Construire un édifice selon le modèle des maisons passives (écoénergétique, durabilité des matériaux, facilité d’entretien, toit végétal, triple vitrage, etc.)
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Réunir sous un même toit des gens de tous âges (personnes âgées de plus de 75 ans en légère perte d’autonomie, personnes à mobilité réduite, familles, etc.), de tous horizons (multiculturels, multiethniques, religieux) et tout particulièrement permettre la cohabitation d’une même famille de générations différentes.
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Comme coopérative de solidarité, accueillir trois sortes de membres : les utilisateurs, les travailleurs, les membres de soutien.
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Comme des parties de la construction étaient requises pour satisfaire les besoins de la clientèle âgée en légère perte d’autonomie (: salle à manger, barres d’appui, rampes, etc.), faire supporter le poids financier supplémentaire de construction aux utilisateurs âgés, en fixant leurs loyers en conséquence.
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Offrir aux personnes âgées un service partiel de restauration et d’entretien ménager de certains espaces communs en prenant une entente avec la Coopérative de soutien à domicile de Laval, d’une durée de 5 ans. Cette coopérative serait en mesure de faire profiter les personnes en perte d’autonomie d’une aide financière avec l’application du PEFSAD (Programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique).
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Et très certainement, plusieurs autres raisons dont je n’ai pas eu connaissance ou qui n’ont pas retenu mon attention.
La CSBE a connu des débuts relativement difficiles : démarrage plutôt lent pour la location de son volet destiné aux personnes âgées; besoin criant d’aide professionnelle pour la gestion et la gouvernance; bris de l’entente avec la Coopérative de soutien à domicile; difficulté à organiser les services pour répondre aux besoins des personnes en perte d’autonomie; problèmes générés par le manque de participation des membres; etc. Par contre, au fil des ans, les membres en place ont quand même réussi à se donner une organisation par comités qui ont pu pallier, tant bien que mal, à l’absence d’un gestionnaire et d’employés. Plusieurs d’entre eux ont apporté une contribution exceptionnelle en consacrant leur temps, leur énergie et leurs compétences à faire de la Coop ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
En 2024, quels sont les défis qui attendent les membres de la CSBE?
Dans deux ans, la CSBE soulignera ses dix années d’existence. Plusieurs défis l’attendent. Selon mon humble expérience, voici quelques pistes de réflexion :
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La nature même de l’organisation
Si l’on veut respecter les intentions de départ, il faudra faire en sorte de mettre en place les éléments requis pour être une coopérative de SOLIDARITÉ c’est-à-dire, créer des emplois et assurer la présence de travailleurs et de membres de soutien sur les posts qui leur sont réservés au Conseil d’administration.
Si les intentions des fondateurs sont jugées non réalistes ou non réalisables, il faudrait analyser la possibilité de retirer le mot solidarité de la raison sociale et peut-être de le remplacer par le mot habitation. À moins de connaître la CSBE ou d’être en face de l’édifice, personne ne peut soupçonner que sous la raison sociale Coopérative de Solidarité du Bois Ellen se cache une coop d’habitation.
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La fierté des membres
Au cours des années passées, la participation des membres a été remarquable pour certains d’entre eux et nettement insuffisante pour d’autres. Pourquoi ne pas appuyer davantage sur la fierté qui devrait guider chacun et chacune? Les initiateurs du projet nous ont confié un bijou d’édifice. Pas parfait, c’est sûr! Mais nous devrions tous connaître ses particularités et être honorés de participer à son entretien et à son évolution. Malheureusement, trop souvent, les échos en provenance des membres face à leur lieu d’habitation sont négatifs. Soyons plutôt constructifs et apportons des idées d’amélioration! Soyons réalistes! On ne trouvera jamais des logements de cette qualité à ce prix! Soyons fiers! Participons puisque nous en sommes les dépositaires.
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Les coûts supplémentaires pour les logements des personnes âgées
Les initiateurs du projet ont cru bien faire quand, sur papier, ils ont rêvé d’ajouter à la construction des éléments supplémentaires qui seraient réservés aux personnes âgées : cuisine, salle à manger, corridors plus larges, cordons d’urgence, barres d’appui, etc. Pour des raisons probables d’équité, ils ont décidé que ces coûts ne devraient pas être assumés par l’ensemble des membres. Donc, un montant supplémentaire est facturé mensuellement dans le coût des loyers des personnes âgées depuis l’arrivée des premiers membres en 2016. L’expérience a démontré que, par exemple, la salle à manger n’a jamais été à l’usage exclusif des personnes âgées. Elle sert de salle de rencontres pour les assemblées générales, de salle de ping-pong, de salle en location personnelle, de salle à manger, de lieux pour les activités sociales, de local de formation, etc. La location de la cuisine à la Popote roulante amène des revenus à la CSBE qui ne reviennent pas, à ce que je sache, aux personnes âgées. Il faudrait tirer au clair cette situation au cours des prochaines années et s’assurer que l’utilisation des espaces communs, incluant la Salle Francine St-Pierre, soit équitablement financée par l’ensemble des membres.
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Les personnes âgées et leur avenir à la CSBE
Les membres du conseil d’administration ont vu juste en modifiant l’âge et le degré d’autonomie des personnes éligibles aux logements destinés aux personnes âgées. Cela a facilité leur accessibilité. Cependant, cela a aussi provoqué la fin prématurée du contrat nous liant à la Coopérative de soutien à domicile de Laval puisque les membres acceptés ne correspondaient plus aux caractéristiques requises pour le PEFSAD. L’aide à l’entretien pour les espaces communs a alors disparu. Pour ce qui est de la cuisine, un traiteur a suivi et a été apprécié durant quelques années mais il n’a pas renouvelé son contrat. Actuellement, l’entente avec la Popote roulante de Laval apporte des revenus mais c’est loin de constituer un service optimal de salle à manger. L’âge fait en sorte qu’il y a rarement de l’amélioration quand on ajoute des années. Les membres âgés, en général, voudront vieillir sur place. Les programmes Gériatrie sociale et Santé EntourÂge sont bien implantés heureusement, mais ce sera nettement insuffisant. De véritables services pour des membres en perte d’autonomie ne pourront être assurés par la seule bonne volonté des autres membres. Il faudra se poser sérieusement la question dès maintenant et non pas dans dix ans.
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La solidité financière
Des signaux d’alarme sont apparus au cours des derniers mois quant à la situation financière actuelle et future de l’organisation. Les membres auront des décisions importantes à prendre à titre de propriétaires de la Coop mais ces décisions auront également de l’influence sur leur situation de locataires. Cruel dilemme! Les membres en place ont le devoir d’assurer un présent acceptable pour tous mais aussi ils se doivent de laisser aux membres futurs une entreprise en excellent état financier.
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L’éducation coopérative